Marsha P. Johnson

Le début de sa vie

Née le 24 août 1945 à Elizabeth, dans le New Jersey, c’est en qu’elle le quitte 1966, pour Manhattan. Dans les premières années, elle travaille souvent comme serveuse mais devient aussi une « travailleuse des rues », comme de nombreux homosexuels et transgenres qui, rejeté à la marge de la société, n’ont pas d’autre choix.

Marsha était connue pour son caractère haut en couleurs, ses chapeaux exotiques et ses bijoux, mais aussi pour sa répartie sans faille et sa générosité sans fin : elle n’hésitait pas par exemple, selon plusieurs témoignages, à donner ses bijoux et vêtements à qui les complimentait. L’aide qu’elle apportait aux gens de la rue, homosexuels, travestis et prostitués lui a value le titre de « mère des traînées ».

Son activisme

Avec elle, Sylvia Rivera est souvent là. Amie de toujours, elles deviendront sœurs de lutte à partir de 1969 avec les émeutes de Stonewall. Après les émeutes, elle mène d’innombrables rassemblements et meetings, et organise efficacement des années de lutte pour l’égalité des personnes LGBT. Elle cofonde le Gay Liberation Front à New York, qui a fini par essaimer partout à travers le monde, entre Los Angeles, Paris, Londres et Sydney. Une mission qui ne se concentrait pas seulement sur des modifications législatives, mais cherchait à changer radicalement la façon dont les trans et les homos étaient traités par la société.

En 1970 elle fonde avec Sylvia Rivera, le STAR – Street Transvestite Action Revolutionaries – lieu refuge pour les personnes trans privées de domicile. Marsha et Sylvia se font remarquer en tirant leurs amies de la rue pour les loger dans des chambres d’hôtel, parfois jusqu’à cinquante en même temps. Si le STAR ne parvient pas à s’inscrire dans la durée faute de moyens, leur projet donne lieu à un manifeste radical auquel on continue de se référer, prônant « la libre expression du genre, la fin des injustices carcérales, les problèmes des sans-abri et la création d’une communauté inclusive qui rejette les définitions normatives de genre et d’identité sexuelle. »

En cherchant à éviter cette hiérarchisation de la lutte, elles se joignent à des mouvements autour de la détention carcérale ou des difficultés rencontrées par les sans-abri, un combat particulièrement important pour Marsha, qui a passé une longue partie de sa vie dans la rue. Elle est présente au fil des ans aux nombreuses manifestations contre le racisme, l’homophobie, la transphobie ou contre le sexisme, avant de rejoindre au milieu des années quatre-vingt la lutte contre le sida au sein d’ACT UP.

Muse d’artiste

En 1975 elle croise le chemin de Andy Warhol, qui travaille sur la série de polaroïds Ladies and Gentlemen. Warhol photographie alors les visages de différentes drag queens, de femmes trans et de travestis new-yorkais. Six ans après les émeutes de Stonewall, Johnson est devenue une figure publique, aussi bien pour son rôle d’activiste que de performeuse. Elle fait des stand-up dans les bar gays de Greenwich Village, souvent sans même y être invitée. Elle se fait remarquer et devient membre de la troupe gay de théâtre d’avant-garde Hot Peaches, mêlant le show musical à la déclamation de poèmes de Jackie Curtis, dans des spectacles comme The Wonderful Wizard of Us ou Concentrated Camp, avec lesquels elle a sillonné les États-Unis et l’Europe.

Sa mort suspecte…

Le 6 juillet 1992, le corps de Marsha est retrouvé, flottant dans l’Hudson à proximité des jetées du Village. Rapidement, la police conclut à un suicide et clôt l’enquête, ignorant de nombreux témoignages. Aujourd’hui encore, toute la lumière n’est pas faite sur les circonstances de la mort de Marsha. Au fil des années, différentes enquêtes indépendantes ont été menées : elles évoquent comme plus probable la thèse d’un meurtre commandité par la mafia sous la protection d’agents de police corrompus.