MusiQueer #12 : L’Eurovision Song Contest, un événement musical très queer

Ce samedi 14 mai, si on zappait sur France 2 à partir de 21h, on tombait sur le plus grand show musical du monde : l’Eurovision Song Contest (en français : Concours Eurovision de la Chanson), commenté par Stéphane Bern et Laurence Boccolini pour la diffusion française. 

Le principe de ce concours, lancé en 1956, est très simple : chaque pays membre de l’Union Européenne de Radio-télévision (UER) envoie un.e candidat.e et sa chanson pour représenter son pays. A l’issue de deux demi-finales, ce sont 25 pays qui se disputent la victoire lors de la finale. Les téléspectateurs, ainsi qu’un jury, sont invités à voter pour leur candidat préféré ; en revanche, ils n’ont pas le droit de voter pour leur propre pays. Suite à la victoire de l’Italie l’année dernière, le concours a été organisé à Turin cette année. 

Ce sont les Bretons Alvan et Ahez qui ont représenté la France sur la scène turinoise de la finale ; néanmoins, ils se sont inclinés face à Kalush Orchestra, groupe ukrainien, et leur chanson Stefania

Mais alors, qu’est-ce qui rend ce concours si particulier ? Et pourquoi a-t-il droit à son article sur MusiQueer ? Et bien, en premier lieu, parce que sa fanbase réunit une proportion importante de personnes de la communauté LGBT+ ; mais aussi et surtout, parce que depuis les années 1990, de plus en plus de candidat.e.s s’affichent ouvertement gay, lesbienne, bi ou transgenre. Depuis toujours, le concours promeut des valeurs de tolérance, d’ouverture sur le monde, de diversité etc. Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que notre communauté prenne plaisir à regarder ce concours. D’ailleurs, pour cette raison, il a déjà été moqué par certain.e.s trouble-fêtes, qui ne comprennent pas ce “festival du kitsch gay”. Pourtant, quand on interroge les fans, on ressent une proximité émotionnelle avec le concours : pour eux, le souvenir d’un moment en famille devant la télé, à voir des cultures étrangères défiler sur le petit écran, rappelle effectivement des valeurs de tolérance et ont pu aider des personnes à s’accepter telles qu’elles étaient. 

Parmi les personnalités LGBT+ du concours, on peut citer Dana International, la première femme transgenre à avoir remporté le concours, en 1998. Sa victoire envoie un message fort aux fans de l’Eurovision : la communauté LGBT est là et elle ne va pas quitter le concours de sitôt ! En 2007, c’est la chanteuse Marija Serifovic, ouvertement lesbienne, qui mène la Serbie à la victoire. Quant à la drag queen Conchita Wurst, elle remporte le trophée pour l’Autriche en 2014. Côté France, Bilal Hassani, chanteur ouvertement gay s’est illustré sur la scène de l’Eurovision en 2019 ; il n’a néanmoins pas remporté le concours cette année-là. 

Le concours, bien qu’il s’efforce d’être complètement apolitique, a évidemment, comme tout événement international, une dimension géopolitique très importante ; en témoignent les votes que s’attribuent les pays entre eux, les nombreuses polémiques, etc. Malgré cela, il reste pour notre communauté un événement culturel majeur de l’année et nier son impact pour notre visibilité sur le Vieux Continent serait injuste. Twelve points go to the gays!

Louise